Description
Le château se dresse majestueusement dans la partie supérieure du village de Civitacampomarano, sur une colline de grès autrefois occupée par un établissement samnite. Le nom du château et du village fait peut-être référence à l'existence de propriétés foncières à l'époque romaine (Campus Maurunus).
Les premiers vestiges remontent à une première construction de l'époque normande (XIIe siècle), mais c'est au XVe siècle que se dessine le plan définitif de l'imposante forteresse militaire : une enceinte quadrangulaire avec trois tours cylindriques crénelées. Chaque tour est caractérisée à l'extérieur par des embrasures et de petits arcs suspendus soutenus par des corbeaux en pierre. Les murs étaient équipés d'un chemin de ronde et de logements pour les arquebuses et les canons.Le château de Civitacampomarano a été au centre d'un des épisodes de trahison les plus sensationnels lors des conflits entre les Angevins et les Aragonais pour la conquête du royaume de Naples, qui s'est produit lors d'un des affrontements entre les deux factions dans la plaine du Sessano en 1442 : Le sort de la bataille fut en fait déterminé par la décision du capitaine de fortune Paolo di Sangro, à la solde des Angevins, qui, au moment crucial, passa avec ses hommes du côté des Aragonais en criant : "Aragon, Aragon !". Quelques années plus tard, un contrat de mariage est signé au château entre Cola Monforte et Altabella Di Sangro, la fille de Paolo. Cola di Monforte et Antonella di Sangro y ont également vécu. Antonella di Sangro est entrée dans l'histoire pour ses nombreuses trahisons, surtout lorsque son mari, le comte de Campobasso, commençait à tomber en disgrâce.
En 1795, un soulèvement populaire obligea la famille Mirelli, les seigneurs de l'époque, à combler le fossé nord et à construire une route reliant les deux ailes de la ville, qui étaient jusqu'alors séparées par la présence du château. Plusieurs propriétaires ont succédé aux Mirelli ; en 1979, le dernier propriétaire a vendu le château à la Surintendance du patrimoine architectural de Molise.
Aujourd'hui, Civitacampomarano apparaît comme l'un des châteaux les plus évocateurs de la région. En effet, le monument conserve son architecture ancienne presque intacte, malgré le passage de l'histoire et les tremblements de terre qui ont provoqué des glissements de terrain et des effondrements dans le passé. Quelle que soit la façon dont on le regarde, le bâtiment impressionne par sa taille et son audace architecturale. L'entrée principale se fait par un grand escalier et un remarquable portail d'entrée avec un bel arc surbaissé typique du style catalan-aragonais du XVe siècle. Au-dessus de la clé de voûte se trouvent deux armoiries : celle du haut est celle de la famille Carafa della Spina ; celle du bas est celle de Paolo di Sangro : il s'agit d'un écu gothique avec sept bandes or et bleu et un casque sur le cimier, uni à celui de la famille Monforte, représenté par les deux rosettes placées à côté de l'écu. Cette fusion représente l'union des deux familles. Le blason est surmonté d'un dragon avec deux lys renversés sous ses pattes, preuve allégorique de la trahison des deux familles par les Angevins en faveur d'une alliance avec les Aragonais. Au-dessus de l'arc se trouvent encore deux évidements rectangulaires qui servaient à faire glisser les chaînes du pont-levis, qui n'existe plus. Dans la cour intérieure se trouve une jolie fontaine dite "Samnite", composée d'une sculpture à quatre figures anthropomorphes, placée ici par les derniers propriétaires à l'époque moderne.
Non loin de là se trouve un puits destiné à recueillir l'eau de pluie, relié à une citerne d'une capacité de 120 000 litres, qui alimentait autrefois tout le village. Un petit escalier non couvert mène au premier étage avec les salles nobles et les pièces de service, dont certaines ont conservé leur décoration picturale. Les étages inférieurs abritaient les écuries, les entrepôts et le grenier, et de là, on accédait aux tours et aux chemins de ronde. Sous la tour principale, un escalier interne menait aux douves et aux prisons. Au fil des siècles, le monument a subi diverses interventions : le comblement des douves, l'effondrement d'une partie du côté nord, des modifications des espaces intérieurs ; il a néanmoins conservé son charme de "géant antique" en parfaite harmonie avec le centre historique et le paysage environnant.